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The rouquine's Bath
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8 mars 2008

Une Corse en "France"... part 1

Un article que j'avais envie de faire depuis pas mal de temps, car j'ai vraiment été surprise des différences, nombreuses, entre la Corse et le "Continent", vous quoi, les métropolitains (quoique je me demande si la Corse n'est pas comprise en France métropolitaine...à vérifier)... Je suppose qu'il me faudra plusieurs articles pour en parler, d'où le "part 1"...

Bon alors d'abord un avertissement, pour éviter d'échauffer les esprits : je vais utiliser le mot "français" dans ces articles, non pas parceque je ne me considère pas comme française, mais juste parceque c'est plus simple.
ça, c'est fait.

D'abord, une petite séquence racontage de life, pour expliquer un peu le contexte : j'ai toujours vécu en Corse, dans un toooouuuut petit village, à une heure de la plus grande ville, Ajaccio, 50 000 habitants. Et le moins que l'on puisse dire c'est que j'ai aussi toujours voulu m'échapper. Toujours voulu voir "ailleurs", voir "d'autres gens", car les petits villages ont cette capacité de vous donner l'impression de tourner en rond, de voir toujours les mêmes personnes, d'être enfermé dans une case, d'être observé, jugé, jaugé... Non, l'ambiance village, c'est décidément pas mon truc, je suis trop "libre" peut-être... Alors dès 10 ans, j'ai décidé que quand viendrait l'heure d'aller au lycée, j'irai en internat, à Ajaccio (alors qu'il y a un lycée plus près de chez moi, mais toujours même topo...) Et c'est ce que j'ai fait, et j'ai vécu les plus belles années de ma vie. A l'époque, je suis passée par tous les stades de la crise vestimentaire d'adolescence : grunge, punk, gothique... et c'était pas forcément facile, car les jeunes d'Ajaccio, et de Corse en général, se renvendiquent très très fashion (victim). Bref, je me sentais aussi à l'étroit, car même dans une ville comme Ajaccio, tout se sait, tout le monde connaît tout le monde, non pas que j'ai des choses à cacher, mais saôulant de se faire observer tout le temps. Donc, envie de changer d'air, envie de partir "sur le continent". J'ai toujours imaginé qu'en France, je pourrai faire ce que je veux, que là-bas les gens s'en fouttent des apparences, et aussi que ça me donnerai des possibilités immenses en terme de culture : ciné avec plus de trois salles, théâtre, concert, ballet (j'adore la danse)... je n'ai jamais eu cet espèce de réflexe qu'ont malheureusement beaucoup de jeunes corses très bêtes de se sentir supérieurs aux français. Oui, beaucoup de clichés circulent sur vous en Corse, d'abord le français est radin, ringard (oui, le style est super important en Corse), naze quoi... Ayant une mère française, et étant surtout un minimum intelligente et bien éduquée, j'ai toujours combattu ce genre de clichés... Et donc, me voilà, en France, sans a priori et plutôt contente !

Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'ici, le Corse est une bête curieuse, un animal exotique. Et je dois dire que si le Français a une réputation particulière, le Corse aussi. Relayée par les médias, sans doute.
Ici on croit que nous vivons sous les bombes. Alors non, la Corse, c'est pas Beyrouth. Non, ma maison n'a jamais sautée, car les indépendantistes ne font pas sauter les maisons de particuliers mais plutôt les édifices représentant l'Etat Français : préfecture, gendarmerie... Il y a une revendication derrière, même si je ne cautionne pas, ce n'est pas de la violence gratuite. C'est étonnant comme ici, on a l'impression que la vie en Corse est très violente, qu'on vit dans l'insécurité permanente... Mais l'insécurité, avant de venir en France, je ne savais pas ce que c'était. Je ne comprennais pas pourquoi les gens marchaient dans le discours manipulateur de N.S. sur l'insécurité... Maintenant je comprends.
En Corse, tout le monde a des armes, oui. Pour aller à la chasse. Eventuellement, quand on est jeune et un peu débile, pour tirer sur les panneaux au bord de la route. On s'amuse comme on peut. Mais en Corse, je suis plusieurs fois rentrée à 3h du mat, seule, à marcher en ville pendant plus d'un quart d'heure, sans avoir la peur au ventre. En France, je ne fais pas 300 m à 21h pour aller chercher une pizza sans être accompagnée. Il peut m'arriver n'importe quoi. Juste parceque je suis une fille.
Je ne suis pas en train de faire l'apologie aveugle de la Corse, simplement j'aimerais vous faire comprendre que oui, y a des bombes, parfois, pas tous les jours, mais que pour autant nous sommes beaucoup plus en sécurité qu'en France.
En Corse, je ne me suis jamais faite traiter de salope juste parceque je ne répond pas quand un abruti m'apostrophe style marché au poisson : "hé madmouazelle, té charmante !". En Corse, les filles ne sont pas systématiquement des chiennes, et si une fille se fait un peu emmerder, on peut être sûr que quelqu'un va venir la défendre.  J'ai l'impression  qu'ici, c'est normal de pas respecter les femmes, alors qu'en Corse, une fille c'est presque sacré.  Bon évidemment, si tu couches ouvertement à droite à gauche avec n'importe qui,  le respect n'est pas garanti. mais pour autant, tu ne te fais pas traiter de salope dans la rue.
Ici, c'est malheureux à dire mais on peut crever, tout le monde s'en fout. En fait, pour résumer, je ne me suis jamais faite emmerder en Corse. 
Là-bas, si tu cherches pas la merde, en général la merde ne te trouve pas. La différence c'est qu'ici tu peux te faire emmerder pour rien, comme ça, juste parceque t'es là. Ici il ne faut pas se faire remarquer, ne pas être original, se fondre dans le décors. Oui, tu es anonyme, mais au lieu d'apporter la liberté, cet anonymat te met en danger. Je pensais que dans une ville aussi grande, où personne ne te juge vu que personne ne te connait, tu pouvais t'habiller comme tu veux, être original, on ne parlera pas dans ton dos. Grave erreur, y a pas meilleur moyen d'attirer le regard et donc les emmerdes. D'un autre côté, à cause de cet anonymat, quand tu te fais emmerder, tout le monde s'en tape. En Corse, c'est le genre de truc qui n'arrive pas. En Corse tu n'as pas à baisser les yeux. Si on t'emmerde, ce qui ne m'est jamais arrivé, on te défend, quand il y a une bagarre, on n'appelle pas les flics, on sépare les gens.

Donc voilà, un premier point sur un paradoxe assez étrange, la prétendue violence de la société corse, alors que je ne me suis jamais sentie aussi peu en sécurité qu'ici. Ils sont fous ces gaulois !

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Commentaires
J
on s'y fait jamais à tout ce merdier
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